Kéké au Nigeria – Le cœur à trois roues de la circulation nigériane
Ils pétaradent, se faufilent dans la circulation et sont devenus incontournables dans le paysage urbain : les keke, les motos-taxis à trois roues du Nigeria.
Quiconque s’intéresse à la mobilité en Afrique, à la vie quotidienne au Nigeria ou aux modes de transport dans les pays en développement ne peut ignorer ces véhicules.
Connus dans d’autres pays sous le nom de tuktuk, les keke sont au Nigeria un moyen de transport culturellement ancré et chargé d’histoire – avec un caractère bien à lui.
Qu’est-ce qu’un Keke Napep ?
Keke Napep désigne le taxi motorisé à trois roues au Nigeria. Le mot « Napep » provient du programme gouvernemental « National Poverty Eradication Programme », lancé en 2001.
Ce programme visait à offrir des moyens de transport abordables et à créer des emplois pour les jeunes – notamment en remplacement des anciennes rickshaws à pédales (Keke Marwa).
Aujourd’hui, le keke est présent dans tout le Nigeria – des rues animées de Lagos aux villes plus petites comme Asaba ou Minna.
Comment fonctionne le système Keke au Nigeria ?
Les keke sont particulièrement populaires pour les trajets courts à moyens en ville.
Ils transportent généralement deux à quatre passagers, selon la taille et les normes locales.
Comparés aux taxis ou aux minibus (Danfo), les keke sont :
- économiques
- rapides et maniables
- adaptés aux routes en mauvais état
- facilement accessibles dans les quartiers mal desservis
Dans de nombreux cas, le tarif est négocié à l’avance, car il n’y a pas de taximètre.
Aux heures de pointe, les prix peuvent varier.
Keke en covoiturage – taxi collectif à trois roues
D’après notre propre expérience – notamment à Lagos – il est courant qu’un keke ne soit pas réservé à une seule personne.
Il fonctionne plutôt comme un mini-taxi collectif.
Le conducteur attend que quatre personnes allant dans la même direction soient montées – puis il démarre.
Cette pratique réduit les coûts, désengorge les routes et fait partie de la culture de mobilité socialement ancrée au Nigeria.
L’itinéraire est généralement prédéfini, les détours ou les trajets privés sont rares.
Quelle est la couleur des Keke ? – Différences régionales
Un keke n’a pas toujours la même apparence – la couleur dépend souvent de la région :
- Lagos : principalement jaune, conforme au système de couleurs de la ville
- Asaba (Delta State) : souvent bleu
- Abuja : parfois blanc ou vert, selon le quartier
- Kano, Kaduna : souvent vert ou jaune
- Zones rurales/privées : aussi neutres ou recouverts de publicité
Ces couleurs ne sont pas décoratives, mais généralement réglementées par les autorités.
Contrairement à l’Asie du Sud-Est, les keke nigérians ne sont pas décorés de manière colorée, mais restent sobres – la fonctionnalité prime.
Bien plus qu’un véhicule – Contexte culturel
Au Nigeria, un keke est souvent bien plus qu’un simple moyen de transport :
- Pour de nombreux conducteurs, c’est la base de leur subsistance
- Souvent, le keke est loué ou payé en plusieurs fois
- Les familles en tirent leur revenu quotidien
- Certains conducteurs personnalisent leur véhicule avec des slogans, des logos de football ou des symboles religieux
Les keke sont ainsi un symbole d’initiative personnelle, d’entrepreneuriat et de mobilité sociale.
Aspects de sécurité et critiques
Dans certaines villes – comme Lagos – les keke ont été temporairement interdits du centre-ville ces dernières années pour réduire la circulation.
Cependant, ils restent essentiels dans les banlieues et les petites villes.
Il existe des problèmes de sécurité (ex. : pas de ceintures), mais pour de nombreuses personnes, le keke est indispensable – et bien plus sûr que les bus surchargés ou les motos-taxis.
Conclusion : Keke – une mobilité vivante
Qu’il soit jaune, bleu ou blanc – le Keke Napep est bien plus qu’un simple véhicule à trois roues.
Il fait partie du tissu social, une réponse aux lacunes du transport public et un symbole de la volonté de survivre de nombreux Nigérians.
Il transporte non seulement des corps – mais aussi des espoirs, des conversations et le rythme du quotidien.
